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La seule véritable catastrophe consiste à jeter l’éponge. Ne le faisons pas, où que nous soyons. Tou·tes, à notre échelle, nous devons résister, par la pensée, la parole et l’acte.
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« Pour s’implanter, le Totalitarisme a besoin d’individus isolés et déculturés, déracinés des rapports sociaux organiques, atomisés socialement et poussés à un égoïsme extrême »
En termes de positions publiques, Elon Musk alterne provocations, désinformation et pratiques à la limite de la légalité pour promouvoir la candidature républicaine. Lui qui avait par le passé soutenu des candidats démocrates a opéré un virage politique net à la faveur de la pandémie de Covid, puis du rachat de Twitter, qu’il a transformé en X et en bastion de la parole d’extrême-droite.
Les politiciens mentent, c’est l’essence même de la politique. Celleux qui tentent de ne pas le faire ne tiennent pas assez longtemps pour acquérir un réel pouvoir. C’est impossible. Dénoncer les mensonges d’un politicien, c’est comme dénoncer l’humidité de l’eau.
Shigeru ISHIBA vient d’annoncer son gouvernement. Et autant son discours de politique général est vague au possible, autant limiter son message a son costume de Buu comme certains médias le font, est révélateur d’un niveau d’apolitisme assez astronomique. Parce que son gouvernement, c’est clairement 50 nuances de réactionnaires.
Il est des choses qui arrivent peu fréquemment. Parmi celles-ci, la disparition d’un pays est ce qu’on peut considérer comme rarissime ; c’est pourtant ce qui est arrivé aux îles Chagos, petit archipel de sept atolls perdu au beau milieu de l’Océan Indien.
Women and girls in the Central African Republic are continuing to have their lives ruined by sexual abuse and exploitation committed by UN peacekeepers, and many are not reporting cases to the mission on the ground because they fear reprisals, don’t know who to contact, or lack faith that action will be taken.
« Pour garantir un maximum de dégâts, l’explosion pouvait aussi être déclenchée par une procédure spéciale en deux étapes, nécessaire pour afficher des messages sécurisés chiffrés. « Il fallait appuyer sur deux boutons pour lire le message », a expliqué un responsable. En pratique, cela voulait dire utiliser les deux mains », décrit le Washington Post. Une subtilité imaginée pour handicaper lourdement les combattants ennemis.
Encore un chouette billet de blog de Ploum. Plusieurs extraits m'ont fait réagir.
Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Pour moi, le point commun est surtout une volonté de changer les choses. Or, par définition, si on veut changer les choses, c’est qu’on n’est pas satisfait avec la situation actuelle. On est donc « perdant ». En fait, tout révolutionnaire est, par définition, un·e perdant·e. Dès qu’iel gagne, ce n’est plus un·e révolutionnaire, mais une personne au pouvoir !
Rares sont les exemples de personnes/entités qui veulent changer les choses et ne sont pas corrompues d'une façon ou d'une autre lorsqu'elles arrivent à leur fin. Ça existe certainement (je n'ai pas d'exemple en tête), mais instinctivement on sait que ce n'est pas la norme.
Être progressiste implique donc d’être perçu comme perdant selon le filtre d’Andy. Le progrès nait de l’insatisfaction. Le monde ne sera jamais parfait, il faudra toujours l’améliorer, toujours lutter. Mais tout le monde n’a pas l’énergie de lutter tout le temps. C’est humain, c’est souhaitable. Lorsque l’énergie me manque, lorsque je ne suis pas un révolutionnaire, je me concentre sur un objectif minimal : ne pas être un obstacle à celleux qui mènent la lutte.
Ça rejoint l'édito de Next partagé peu avant : écouter, la fermer pour laisser parler ceux qui savent, ne pas être un obstacle et aide à porter ces paroles/causes.
Je suis conscient que tout le monde n’a pas le loisir d’être rebelle.
Cf. Louis Derrac ici.
Non, vous n’avez pas une « mission ». Vous cherchez juste à aider à construire un système pour vendre de la merde afin de pouvoir acheter votre propre merde.
[…]
On fait tous des compromis moraux. Le tout est d’en être conscient. Chacun les siens.
J'ai du mal avec la notion de pureté militante. Le noir et blanc c'est simple, mais ça n'existe pas, on fait tous des compromis gris.
Le collectif Sleeping Giants démontre ce que c’est d’être abonné aux flux de la fachosphère.
Infiltré dans la fachosphère de Twitter/X (blogs.mediapart.fr)
Article de blog passionnant et déprimant. Contrairement à Ploum, je ne trouve pas l'article inintéressant au motif qu'il ne m'apprend rien. Déjà parce que, pour moi, savoir quelque chose et observer quelque chose sont deux aspects complémentaires et nécessaires. Ensuite parce que ce type de contenu n'est jamais inutile.
En effet, depuis 2004, cette part a chuté de 1,6 point. Pour la seule année 2024, cela représente une perte de 2 400 milliards de dollars pour les travailleurs à l’échelle mondiale. La principale cause de cette baisse au cours des deux dernières décennies est l’évolution technologique, notamment l’automatisation. Si l’OIT note qu’elles ont « stimulé la productivité et la croissance économique », l’organisation précise que « les travailleurs n’ont pas bénéficié équitablement des gains qui en ont découlé ».
Tout, absolument tout est politique
Amen
Dans son livre Vallée du silicium, Alain Damasio répond à cette idée “quadruplement stupide” avec quatre arguments de taille. Nous reproduisons ici avec son accord la réponse apportée à cette fameuse technologie neutre
Sea Shepherd, est ainsi connu pour ses actions d’abordage et d’éperonnage de baleiniers et thoniers. Ce n’est pas la première fois que nous attirons l’attention sur cette superficialité politique qui amène trop de camarades à juger de la pertinence à partir de la forme au détriment du fond. Or si la forme d’une action politique peut la condamner définitivement (par exemple une modalité d’action oppressive, raciste, sexiste, homophobe… ne peut être positive quels que soient son but et les revendications qu’elle promeut), elle ne peut suffire à en faire une action positive ou à définir ses auteurs comme de notre camp. C’est cette superficialité politique qui fait par exemple que de nombreux gauchistes diffusent régulièrement sur le net des images d’émeutes, de militants s’affrontant aux flics comme si cela en faisait systématiquement quelque chose de réjouissant, sans même vérifier s’il s’agit de fachos avérés voire de nazis.
La femme a été abattue à son domicile car les policiers craignaient, selon eux, d'être aspergés d'eau qui bouillait dans une casserole. L'un des agents a été inculpé pour meurtre.
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The truth is that our nation, great though it is in so many ways, has a horrific history of political violence and a seemingly innate obsession with firearms. Four presidents have been assassinated in office — Lincoln in 1865, Garfield in 1881, McKinley in 1901, and Kennedy in 1963 — all by gunshots. Three more — Roosevelt, Reagan (who nearly died), and now Trump — have been wounded by gunshots.
So here is what the Democrats should do. Tomorrow morning Chuck Schumer should put on the floor of the Senate a law mandating strict background checks for all gun purchases. Perhaps tie it to a reinstitution of the 1994 assault weapons ban that Republicans allowed to expire in 2004. Give it a name like the “Anti Political and School Violence Act”. Make Republicans shoot it down. Make them say, as Trump himself did after a school shooting massacre in Iowa this year, that we “have to get over it, we have to move forward.” It’s not just an outrage when your right-wing authoritarian hero gets his ear nicked by an assassin’s bullet. It’s an outrage when anyone is shot by a nut with a gun.
Make them say it. See how that flies.
je reproduis ici le texte principal de la dernière newsletter de Lionel Davoust.
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On est aujourd’hui
Vous avez certainement été bombardé·e d'appels à voter, vous avez sans nul doute vos craintes, vos désirs, vos ras-le-bol. Croyez-moi, je n'ai aucune envie d'en ajouter, et je bâillonne extrêmement fort le moraliste en moi qui se met la tête dans les mains à répétition en constatant où en est la France, le destin qu'elle semble sur le point de se choisir, depuis la sécurité de 17000 km. J'ai vraiment envie de ne parler d'une chose, de bouquins, de fantasy, d'apps de prises de notes, de conventions SFF australiennes.
Mais, notre ami Ayerdhal rappelait régulièrement cette citation de Sartre : « La fonction de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne puisse s’en dire innocent. » J'imagine que si vous êtes ici, vous avez probablement lu quelques-uns de mes trucs et/ou m'avez entendu dans Procrastination, donc je suppose que vous avez une vague idée de ce que je pense, et ce que j'ai pu voter (déjà fait, par Internet, joie d'être Français à l'étranger) et surtout ne pas voter. (Si vous tombez de l'arbre, heu, laissez-moi vous décevoir une bonne fois pour toutes : « Les Dieux sauvages » n'est pas une ode au fondamentalisme religieux, ni au virilisme.)
Une chose que je ne ferai pas, mais que je ne ferai pas uniquement ici, parce qu'on est entre nous, et que ce discours est hélas beaucoup trop complexe pour une story Instagram ou ce qui passe pour le débat public dans notre époque fragmentée et que je n'ai pas l'énergie d'affronter un shitstorm, c'est, comme je le vois absolument partout depuis une semaine, traiter l'électorat extrême-droite de gros cons, de fachos, de crétins. (Les membres des partis d'extrême-droite, c'est totalement autre chose. Je parle d'électorat, je répète, la personne lambda, comme vous et moi, qui met son bulletin dans l'urne et fait ce qu'elle peut. Pas des forces motrices, nous sommes bien d'accord ?)
Je crois à une leçon de vie peut-être naïve mais qui s'est plutôt vérifiée dans mon existence : on peut difficilement traiter les gens de gros cons et espérer qu'ils voient la lumière. "Oh mon dieu, mais c'est vrai, je suis un gros con, merci de me l'avoir dit, haha, je ne l'avais pas vu, ouf !" Euh. Non.
On entre dans un débat philosophique qui dépasse de loin mon salaire – peut-il y avoir une liberté pour les ennemis de la liberté ? La société infiniment tolérante n'est-elle pas destinée à être détruite par l'intolérant ? Ce paradoxe a notamment traité par Karl Popper à l'issue des procès de Nuremberg et la montée du nazisme – vous comprendrez pourquoi on entre dans un domaine qui dépasse de loin ma compétence et qui a été traité par des gens beaucoup plus sérieux que moi, donc je prends soin de me taire et de vous renvoyer sur ces références. Commet-on un acte in fine liberticide en acceptant de débattre avec l'extrême-droite dans les médias, est-ce lui donner une légitimité à laquelle il convient de faire barrage d'emblée, parce que c'est ouvrir le mécanisme d'une société tolérante à l'intolérance ? Je tends à le croire en effet, mais, encore une fois, je ne veux pas parler des encartés ni des représentants.
Je veux parler des gens qui votent pour eux en masse en ce moment et que, je suis peut-être naïf là encore, j'ai du mal à croire systématiquement abrutis par BFMTV (même si ça n'aide pas). De base, je peine à croire que les gens sont fondamentalement stupides, en tout cas à grande échelle. Le vote extrême droite massif est un signe de faillite de système, une sorte de parallèle que je n'hésiterai pas à faire avec l'appel à l'aide désespéré qu'on trouve dans certains cas de tentatives de suicide. Je crois que nous qui votons "bien", qui pensons avoir "la morale pour nous", devons aussi accepter notre part de responsabilité dans la polarisation de la personne dans la rue qui véhicule une crainte, une souffrance qui n'est pas entendue, puisqu'on ne se prive pas de les insulter depuis des décennies, ou, à la rigueur, de rompre tout contact et de nous claquemurer dans notre bulle de filtrage, confiants dans notre supériorité morale, notre éducation, parce que nous, nous avons lu des trucs / réfléchi / déconstruit / regardé des vidéos YouTube (rayez la mention inutile). Je ne crois pas vraiment étonnant que la réaction soit "fuck it, je vais voter Le Pen, puisque de toute façon je me fais traiter de tout dès que j'essaie de soulever mes problèmes, ce que je vois, moi, et qui me préoccupe."
Rappelons-nous que tout le monde a automatiquement raison de son propre point de vue. Ces problèmes sont-ils, réels, imaginés, fantasmés, comme cet archétype du papy de la Creuse qui n'a jamais vu un Noir de sa vie et vote RN parce que BFMTV lui martèle que Paris est en train de brûler ? Est-ce la question – est-ce à vous, fans d'imaginaire, que je vais rappeler que la vérité et le réel sont deux choses différentes ? Si le problème – et surtout la souffrance qui l'accompagne, parce que c'est là le nœud véritable, il y a une peur, une angoisse, qui est une souffrance – est effectivement imaginaire, le débat ne doit pas commencer par pointer à l'autre que c'est un imbécile de vivre une souffrance sans fondement, mais par la souffrance qui est réelle, et ensuite, on peut détricoter le fantasme.
Encore une fois, c'est peut-être ma candeur indécrottable qui parle, mais je ne crois pas qu'on fasse changer d'avis ces gens en les traitant de putains de gros cons, je crois qu'au contraire, on ne fait que les renforcer dans leur position. Et que tant que les bords (encore une fois, je parle des gens, vous et moi, une voix perdue dans l'océan, pas des forces politiques aux commandes dont les intentions sont autrement plus funestes) se draperont dans leur légitimité morale en gueulant plutôt qu'en, vous savez, en essayant de se parler, de détricoter les endoctrinements, on sera perpétuellement cuits, et de plus en plus.
Oui, c'est dur, c'est épuisant de devoir constamment ressasser les mêmes infos, les mêmes chiffres, combattre la désinformation, et on en a marre, et on aimerait bien prendre un gourdin pour que le tonton raciste ferme sa putain de gueule merde. Parce qu'il le fait bien avec moi, ce gros con, alors pourquoi je m'en priverais ? Mais tout ce qu'on fait, c'est justement renforcer l'avis de la personne en face. "Tu vois, on ne peut pas te parler, t'es bien un islamogauchiste woke !" Si l'on prône le dialogue, l'ouverture, si, allez, ne vous cachez pas, vous pensez être du côté de l'intelligence, eh bien c'est à vous, à nous, de l'être, de l'incarner et de préférer la plume, le débat, le fait, et la compassion humaine, inlassablement, avec obstination, pour combattre l'obscurité, à notre modeste échelle, dans nos entourages.
Oui, c'est fatiguant. Ça demande du courage. Et on est d'accord qu'on le fait avec les moyens qu'on a, dans les domaines qu'on peut, avec l'énergie du moment. Parfois, oui, pour des raisons de protection personnelle, il faut se désengager, absolument. Mais on ne se désengage jamais du monde entier. Et avec ce qui reste, c'est notre boulot d'être "le changement que nous voulons voir dans le monde."
Y en a-t-il vraiment un autre, en définitive ?
Bref. Il est peut-être déjà trop tard, mais, à l'heure de Melbourne, je le saurai demain.
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